Une réflexion métalinguistique à partir d’une pratique intuitive de la langue
L’idée derrière la création des exercices est d’habituer l’élève à faire des réflexions métalinguistiques et de l’amener à prêter attention à certains aspects de la phrase : par exemple le fait que la phrase est formée de groupes de mots qui se comportent comme des blocs uniques, ou qu’il existe des liens précis entre ces groupes qui ont des effets sur leur forme ainsi que sur leur position. Grâce à cette sorte de gymnastique mentale, l’élève est en mesure de déduire, ou au moins pressentir les règles régissant la construction de la phrase du français standard, sans avoir forcément reçu une instruction explicite préalable. L’élève est ainsi prédisposé à s’approprier la règle, qui ne sera pas reçue passivement au moment de sa présentation explicite en classe.
Transfert entre modules cognitifs langagiers et non langagiers
Les propositions de ces modules sont notamment inspirées par l’observation récente que la compétence linguistique (inconsciente) des locuteurs est liée à des processus cognitifs mis en jeu en dehors du langage. Par exemple, on a pu mettre en évidence le fait que des locuteurs entraînés à analyser des formules arithmétiques simples pouvaient, d’une certaine façon et sans même en prendre conscience, « transférer » cette analyse lorsqu’ils analysaient des phrases avec une certaine complexité structurelle. Ainsi, en organisant des aller-retours entre des objets langagiers et des objets pseudo-mathématiques, on offre aux élèves la possibilité de s’appuyer sur leurs compétences non linguistiques pour aborder la langue.
Relation à la norme
Les linguistes savent depuis longtemps que ce n’est pas parce que des personnes s’expriment dans un dialecte éloigné de la norme de référence (« parler jeune », « langage populaire », argot…) que ces personnes ne respectent pas une « grammaire » qui régit ce dialecte. Dit autrement, ce n’est pas parce qu’on ne parle pas comme au journal télévisé qu’on peut dire n’importe quoi. Une partie des propositions de ces modules sont inspirées par cette observation : il s’agit de faire prendre conscience aux élèves du fait que lorsqu’ils s’expriment de manière non standard, ils ne s’expriment pas pour autant de manière agrammaticale. Cela leur permet de mieux comprendre le lien entre ces formes non standard et les formes qui correspondent au français de référence, et de s’approprier ce dernier.
Adaptiv’Langue : Lisa Brunetti, CNRS- Université Paris-Diderot ; Carla Soares-Jesel, CNRS-Université Paris-Diderot (EvidenceB)
Adaptiv’Langue Plus : Pascal Amsili ; CNRS-ENS- Paris 3 ; Lisa Brunetti, CNRS- Université Paris-Diderot ; Carla Soares-Jesel, CNRS-Université Paris-Diderot ; Marie Candito, CNRS-Université Paris-Diderot ; Lucie Barque, CNRS-Université Paris-Diderot (EvidenceB)
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